« J’ai retrouvé ma vie de nouveau » : l’ex-otage franco-israélienne Mia Schem se confie à Paris, six mois après sa libération


05 juin 2024

De passage à Paris à l’initiative de l’association Women United for Peace, la jeune femme de 22 ans est revenue mardi soir sur son enlèvement et sa captivité pendant près de deux mois à Gaza.

Jusqu’au dernier moment, elle a hésité à venir. Pantacourt, petits talons, haut bleu ciel et tatouages sur les bras, si on ne la connaît pas, rien ne la différencie des autres jeunes de 22 ans. Mais assise sur son fauteuil devant un parterre d’invités, le regard de Mia Schem se vide peu à peu ce mardi soir du 4 juin. Au milieu d’une salle parisienne, elle parle, posément, calmement, mais elle est comme absente. L’ex-otage du Hamas donne le change, évoque son rêve « d’être à Paris », elle qui n’y était jamais allée.

« Ça me fait très plaisir d’être là, ça me touche d’être là avec ma mère, avec tous ceux qui se sont battus pour ma libération », commence-t-elle au micro, en hébreu. Interrogées par l’autrice Rachel Khan, Mia et sa mère sont revenues chacune sur les 55 jours durant lesquelles elles ont été séparées, chacune en quête perpétuelle de l’autre à la suite des attaques du 7 octobre. « J’avais décidé d’aller au festival Nova avec mon meilleur ami, Eliya Toledano. À ce moment-là, je n’étais pas sortie en soirée comme ça depuis 4 ou 5 mois », se remémore-t-elle.

« Soit je lui suivais, soit j’allais mourir brûlée vive »

Une fois l’attaque lancée par le Hamas, une seule obsession : survivre. Son récit ne diffère pas de ceux que d’autres survivants ont racontés avant elle. « Ceux qui sont partis en courant à droite ont survécu, pas ceux qui sont partis à gauche. » Avec son meilleur ami, ils prennent la fuite en voiture comme des dizaines d’autres festivaliers. Mais rapidement, ils sont visés par des tirs. C’est à ce moment qu’elle est touchée au bras. Recouverte de sang, elle assiste au massacre de tous ceux qui se trouvent autour d’elle, impuissante. Les terroristes finissent par mettre le feu aux voitures, dont la sienne.

Sa petite sœur, à l’origine assise à sa droite, finit par se faufiler pour partager son fauteuil. Mia la serre et se blottit dans ses bras, presque comme si c’était elle la petite sœur. À leur gauche, Keren, leur mère, raconte pendant ce temps l’attente inlassable. Ses rencontres à Paris avec les représentants de l’État, mobilisés pour la libération de Mia. Et l’ascenseur émotionnel lors de la trêve : « Chaque jour, quand la liste tombait, on m’appelait pour me dire si elle y était ou pas. Et elle n’y était pas ». Jusqu’à ce 30 novembre, lors d’une vague de libération supplémentaire négociée entre Israël et le Hamas. « La fin d’une sorte de film hollywoodien », synthétise-t-elle.

« Jusqu’à ce que je voie l’armée, je n’y ai pas cru »

Mia a passé 55 jours en captivité, dont les derniers dans les tunnels. Tous les jours, des terroristes du Hamas lui faisaient croire à sa libération prochaine. « Et un jour, l’un d’entre eux est venu vers moi et m’a dit : You, Israel. Toi, Israël. Mais jusqu’à ce que je voie l’armée, je n’y ai pas cru », se souvient-elle. En témoigne son regard perdu devant l’assemblée, comme si la scène à laquelle elle assistait lui semble surréaliste.

Mia Schem était invitée à Paris par l’association Women United for Peace, qui organisait une soirée en son honneur ainsi que pour lever des fonds à destination d’une association de soutien à l’unité 669 de l’armée israélienne, dédiée à la prise en charge des soldats blessés. Habituée à intervenir « en moins de 15 minutes », cette unité a été mobilisée pour récupérer les otages à leur libération lors de la trêve en novembre. Deux de ses membres, Bar et Anthony, ont notamment témoigné de leur mobilisation au sein de cette unité d’élite de l’armée de l’air.

Depuis sa libération, Mia tente de se reconstruire. « Mon bras va mieux, petit à petit », balaie-t-elle. « J’ai retrouvé ma vie de nouveau. Le plus important pour moi maintenant, c’est de vivre. Parce que ce n’est pas donné à tout le monde ».

Le Parisien