La mosquée des Bleuets à Marseille, sous le coup d'une procédure de fermeture administrative


21 août 2024

La mosquée des Bleuets est menacée de fermeture à Marseille. Le préfet de police des Bouches-du-Rhône a notifié ce mardi à la mosquée située dans le 13e arrondissement son intention de la fermer, estimant que des "propos légitimant la violence" y sont tenus depuis des années.

La mosquée des Bleuets est menacée de fermeture à Marseille. Le préfet de police des Bouches-du-Rhône a notifié ce mardi à la mosquée située dans le 13e arrondissement son intention de la fermer, estimant que des "propos légitimant la violence" y sont tenus depuis des années.

"À la demande de M. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a lancé aujourd'hui une procédure de fermeture de la mosquée des Bleuets" , précise la préfecture de police dans un communiqué.

Le préfet de police avance plusieurs motifs pour expliquer cette décision, mettant en avant de la part de l'imam français Ismaïl (Smaïn Bendjilali) qui prêche dans la mosquée "une pratique radicale de l'islam, une vision fondamentaliste de la religion légitimant le djihad, l'instauration de la charia et le recours à la violence".

Incitation à la violence contre les femmes et des prêches contre les lois de la République

"Il y tient un discours incitant à la discrimination et à la haine contre les femmes notamment par des prêches légitimant le viol conjugal, la polygamie, et théorisant l'inégalité des droits entre les femmes et hommes dans le mariage", précise le préfet de police.

Le religieux est aussi accusé par les services du ministère de l'Intérieur de prôner dans ses prêches et sur les réseaux sociaux "la supériorité de l'islam sur les lois de la République, et attise la haine des non-musulmans et des Occidentaux, accréditant l'idée d'une société occidentale histile à la religion musulmane".

Le préfet de police des Bouches-du-Rhône Pierre Colliex précise également que la mosquée "ou des structures associatives liées à cet imam accueillent ou relaient les publications de plusieurs prédicateurs auteurs de propos haineux à l'endroit des non-musulmans, des institutions et des valeurs de la République".

Plusieurs de leurs conférences ont déjà fait l'objet d'interdictions administratives. Le préfet de police reproche notamment à cette mosquée d'accueillir des prédicateurs légitimant l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Mourad Hamza, de la mouvance des Frères musulmans, aurait ainsi en octobre 2023 qualifié "l'attaque terroriste du 7 octobre de -révolte- et de -châtiment divin infligé aux juifs-", affirme Pierre Colliex à l'AFP : "On est clairement dans la légitimation d'une attaque terroriste".

Un iman très suivi sur les réseaux sociaux

Quelque 300 à 350 fidèles fréquentent la mosquée chaque vendredi, selon les autorités, qui soulignent que la forte présence de cet imam sur les réseaux sociaux lui donne une plus grande audience. L'iman revendique près de 10.000 abonnés sur le réseau X, 123.000 sur Facebook et 24.000 sur Instagram notamment).

Interrogé par l'AFP, le préfet de police explique que "quand des propos haineux en écho à ses publications sont tenus par des commentaires sur les réseaux sociaux, l'imam ne les modère pas".

Lundi soir, l'imam Ismaïl, annonçant qu'il avait été perquisitionné, avait dénoncé sur Instagram un "ramassis de mensonges" et une "tentative d'intimidation". "Quand on fait une invocation pour Gaza, on est accusé d'être antijuif, mais on n'est pas antijuifs, on est anti-injustice", s'est-il défendu. Et s'il reconnaît faire référence au Coran, y compris sur la question de la femme, "chacun est libre de faire ce qu'il veut", insiste-t-il.

Le religieux, déjà dans le viseur du ministère de l'Intérieur depuis plusieurs années

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux dès ce lundi, l'iman assure qu'on "veut des musulmans qui ne soient plus musulmans", affirmant que les mesures dont lui-même et d'autres imans en France sont l'objet sont "de l'intimidation en direction des imams".

De son côté, la préfecture réfute le terme de "perquisition", parlant d'une "visite domiciliaire autorisée par le juge".

L'imam conteste donc les accusations portées contre lui, "on ne va rien lâcher" affirme-t-il dans sa vidéo. Il a dix jours pour répondre aux griefs du ministère pour tenter d'éviter une fermeture.

Ce n'est pas la première fois que l'imam Ismaïl fait l'objet d'une surveillance et d'une action du ministère de l'Intérieur. Plusieurs de ses conférences ont été interdites, à Echirolles en Isère ou encore à Vauvert dans le Gard, les autorités le soupçonnant de vouloir diffuser des messages différents de l'intitulé des réunions sur le "vivre ensemble".