15 mai 2024
Réveil brutal mardi matin dans le 4ème arrondissement de Paris. Le « Mur des Justes » a été tagué de « mains rouges » dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 mai. Ce mur est un mémoriel où est inscrit les noms de femmes et hommes non juifs qui, au péril de leur vie, ont contribué au sauvetage de juifs en France pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans un contexte de manifestations pro-palestiennes notamment dans les universités, cet acte de vandalisme survient en cette date anniversaire de la rafle du 14 mai 1941 durant laquelle environ 3 700 juifs […] ont été déportés au camp d’Auschwitz-Birkenau pour y être assassinés », rappelle le Mémorial de la Shoah.
Le 26 avril dernier, le campus de Sciences Po Paris avait été bloqué par des manifestants qui s’étaient peints les mains en rouges, référence direct au massacre par une foule de deux réservistes israéliens à Ramallah le 12 octobre 2000. L'un des assaillants montrant alors ses mains ensanglantées à la fenêtre du commissariat où ont été tués les soldats, dont le corps sera pendu pour l'un et lynché pour l'autre.
« Quand je vois des étudiants tendre des mains rouges, qui rappellent des images où des Israéliens ont été décapités, il y a deux solutions : soit ils sont incultes, soit ils sont antisémités » avait rappelé Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de la lutte contre les discriminations.
Des réactions indignées
« Quels que soient les auteurs, cette dégradation du mémorial de la Shoah, symbole des mains ensanglantées des terroristes qui ont lynché deux soldats israéliens en octobre 2000, résonne comme un cri de ralliement haineux contre les juifs. Abject ! » a réagi Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) sur le réseau social X.
Ariel Weil, maire de secteur Paris Centre s’est, lui aussi offusqué de ses tags, en partageant des photos sur son compte X. « Les murs du Marais devant crèches et écoles, ont été souillés, jusqu’au Mur des Justes ». De son côté, Anne Hidalgo a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes inqualifiables ».
« Les victimes juives d'hier doivent reposer en paix. Elles ne sont la cause d'aucune guerre. », a réclamé Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, lui aussi sur X.
La porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, s’est également exprimé sur cet acte. « À tous ceux qui disaient que les mains rouges n'étaient pas un symbole antisémite. À tous ceux qui les justifiaient. Les voilà apposées sur le Mur des Justes du Mémorial de la Shoah. L'antisémitisme dans sa forme la plus débridée. Et certains partis continuent de l'encourager ».
Le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel, a lui aussi dénoncé cette « odieuse profanation […] s’en prendre à la mémoire de l’extermination des Juifs par les nazis est ignoble ».
Les mains ensanglantées, qui ont été apposés sur ce lieu, sont utilisées dans les manifestations pro-palestiniennes pour appeler au cessez-le-feu sans jamais mentionner le sort des otages encore retenus dans les geôles du Hamas, 221 jours après le pogrom le plus meurtrier de l’histoire envers des Juifs depuis la Shoah.
Jordan Touati