Michel Barnier nommé Premier ministre par Emmanuel Macron


05 septembre 2024

Le chef de l’État a nommé ce jeudi le LR Michel Barnier à Matignon pour remplacer Gabriel Attal, démissionnaire depuis le 16 juillet.

Enfin, la fumée blanche. Après de longues semaines de consultations et de débat, le président de la République Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier Premier ministre ce jeudi. Le chef de l’État a demandé à l’ancien négociateur du Brexit, membre des Républicains, de « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays ». Et « s’est assuré » que Barnier réunisse les conditions de stabilité et de rassemblement le plus large ».

Les deux hommes s’étaient entretenus mercredi soir à l’Élysée pour évoquer cette nomination à la tête du gouvernement.

Âgé de 73 ans et vieux routier de la politique française et européenne, Michel Barnier, dont le nom a commencé à circuler dès le début de l’été, a été ministre pour la première fois en 1993, puis trois fois sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Il a également été deux fois commissaire européen, et finalement entre 2016 et 2021 négociateur lors du Brexit, la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Il est brièvement réapparu en 2021 dans la vie politique française en se portant candidat à la primaire de son parti, LR, pour la présidentielle de 2022. Son programme prévoyait notamment un « moratoire » sur l’immigration.

L’hypothèse de la nomination de Michel Barnier tenait la corde dans la soirée de mercredi. Un conseiller de l’exécutif avait détaillé les multiples qualités de l’ancien candidat à la primaire LR : il est « Macron-compatible », il permet la participation des Républicains à une coalition de gouvernement, il ne serait pas censuré immédiatement et ne sera pas candidat en 2027, selon lui.

Longues concertations

Depuis le 16 juillet et la démission de Gabriel Attal, la France était gérée par un gouvernement chargé des affaires courantes et dont le pouvoir est limité. Après avoir demandé une « trêve politique » à l’occasion des Jeux olympiques de Paris, Emmanuel Macron a voulu se donner du temps et a entrepris de mener des concertations.

Il a notamment reçu à l’Élysée l’ensemble des chefs de parti et des patrons de groupes parlementaires, en commençant par le Nouveau Front populaire (LFP) et leur candidate Lucie Castets. Le chef de l’État avait acté son refus de nommer la haute-fonctionnaire à Matignon au nom de la « stabilité institutionnelle », une décision fustigée à gauche.

Emmanuel Macron a également consulté les anciens présidents François Hollande, élu député lors des dernières législatives, et Nicolas Sarkozy, reçus lundi à l’Élysée. Il a mené de nouvelles consultations par téléphone pour tester les pistes Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, finalement écartées.

Une Assemblée sans majorité

Huit semaines après les élections législatives anticipées, découlant de la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron au soir du résultat des élections européennes, le président de la République était sous pression pour désigner le nouveau locataire de Matignon.

À l’issue du vote des Français, le NFP avait glané le plus de députés (193), devant la macronie (166) et le Rassemblement national (142), premier parti hors coalition. Le camp présidentiel s’est ainsi retrouvé sans sa majorité relative, obtenue à la suite des élections législatives de 2022. Cependant, aucun camp n’a obtenu de majorité absolue.

Le nouveau Premier ministre doit désormais composer un nouveau gouvernement. Et le temps presse : le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1er octobre au plus tard.

Lundi, la cheffe des députés du Rassemblement national, Marine Le Pen, a renouvelé sa demande d’une session extraordinaire du Parlement en septembre, et le groupe écologiste et social à l’Assemblée a fait de même, dénonçant « une situation démocratiquement intenable ». Une demande également faite par le PS et le groupe LIOT.