
28 juin 2024
À l’occasion des élections législatives, la Radio Juive de Marseille a organisé un moment d’échange avec 2 acteurs forts du territoire : le maire de Marseille Benoît Payan et le président de la région sud Renaud Muselier.
« Marseille ne serait pas Marseille sans les juifs »
Depuis le 7 octobre, les actes antisémites ne cessent d’augmenter sur le territoire français, notamment à Marseille où plusieurs actes ont été recensés ces derniers mois. Cette montée de l’antisémitisme a poussé l’État et la ville à sécuriser les lieux rassemblant la communauté juive comme les synagogues et les écoles entre autres. « C’est (de) ma responsabilité » insiste Benoît Payan. « Marseille ne serait pas Marseille sans les juifs. L’histoire de Marseille a été faite par ses différentes communautés […] et il ne peut pas exister d’avenir dans cette ville si elle ne conçoit pas […] qu’elle doit protéger la communauté juive. »
L’importation du conflit entre Israël et le Hamas après le 7 octobre a été « un point de bascule » relève Renaud Muselier (+1000% d’actes antisémites depuis l’attaque terroriste du Hamas). « On doit tout faire pour combattre le Hamas » martèle de son côté Benoît Payan.
Ce climat pesant pour ces citoyens français de confession juive est dur à vivre et certains se demandent même si leur place est encore ici en France.
« J’ai tout fait pour empêcher une force centrale d’émerger »
Si le maire de Marseille a su qualifier le Hamas comme groupe terroriste en les condamnant dès le 7 octobre, d’autres élus de gauche ont, eux, utilisés ce terrible drame pour en faire un rythme de campagne et récupérer de l’électorat. Les prises de positions des cadres des insoumis, notamment celle de Jean-Luc Mélenchon, sur la montée de l’antisémitisme en a choqué plus d’un. « Je l’ai entendu dire, pour sa plus grande honte, que l’antisémitisme était ‘résiduel’ je n’ai jamais entendu une phrase aussi glaçante que celle-ci » déplore-t-il.
« Des politiques, qui me font honte, ont importé le conflit ». Ces mêmes politiques qui, comme l’a rappelé Laura Sahin lors de ses interviews, font bel et bien parti aujourd’hui du Nouveau Front Populaire, une alliance de l’ensemble des partis de gauche que soutient le maire. « Ma responsabilité était de tout faire pour que dans cette coalition, la force centrale ne soit pas LFI » ajoutant que « s’il n’y avait pas d’alliance, nous avions l’assurance que le RN gagne le pays. » Mais ce qui ne plait pas à tout le monde, surtout après le score et le rythme de campagne de Raphaël Glucksmann aux européennes sous l’étiquette Parti Socialiste/Place Publique. Le maire de Marseille, qui a soutenu le natif de Boulogne, a tenu à le défendre. « Est-ce que vous avez interpellé Zemmour quand il a dit que Pétain était quelqu’un de bien ? ».
Il reconnaît malgré tout « des erreurs factuelles » sur le programme du Nouveau Front Populaire, « notamment sur la CPI et sur la question génocidaire » ainsi que sur l’absence de demande de libération des 120 otages restants, qui sont encore aux mains des terroristes du Hamas.
La reconnaissance d’un État de Palestine voulue également par cette alliance de gauche « n’a aucun sens » pour l’ancien secrétaire d’État chargé des affaires étrangères Renaud Muselier. « Quelle est la représentation politique des palestiniens ? » questionne-t-il, précisant « qu’on ne peut pas accepter ce qui se passe à Gaza aujourd’hui pour les Gazaouis ».
La montée du RN qui inquiète
Avec + de 30% des voix récoltées aux Européennes, le Rassemblement National est en tête des sondages et devrait récupérer, sauf surprise, un nombre conséquent de siège à l’Assemblée nationale. « Aujourd’hui, Jordan Bardella siège avec des gens qui font des salut nazis (au parlement européen) […], je n’entends pas que ces gens-là prennent le pouvoir […] et j’aurai tout fait pour que les forces progressistes (le Nouveau Front Populaire) qui me ressemblent, soient majoritaire dans une alliance qui peut empêcher le Rassemblement National d’être majoritaire », s’inquiète le maire du Printemps Marseillais Benoît Payan. Malgré la volonté du RN de vouloir changer d’identité et de faire oublier ses origines passées, « on a beau changer la vitrine, les gens restent les mêmes […], qui peut croire que de l’autre côté il n’y a pas d’antisémitisme ? » déclare-t-il.
Jordan Touati